Premières recherches effectuées par Monsieur Bernard Castella
Curiosité pédagogique
Bernard Castella se dit Rubrouckois d’adoption. Il est arrivé de l’Avesnois en 1977 quand, l’instituteur d’une classse unique pendant 12 ans, le logement qu’il occupait apparu trop exigu au père de quatre enfants. Aux grands effets petites causes : le nouveau directeur de la petite école flamande a deux classes., pour étayer ses cours d’histoire, se mit en quête du passé du village. C’est ainsi qu’il s’intéresse à la motte féodale de la seigneurie de Belhof. Il éplucha les archives de la mairie, les documents d’état civil. Il en vint à la révolte des gueux, lors de la réforme protestante et à la tragique affaire « paepe put », « le puits du curé » où les paysans « hérététiques » jetèrent ainsi que son vicaire, le curé Van Den Clitte.
Quand il entreprit de rechercher des repères d’histoire locale dans l’église, il fut accroché par la plaque apposée à droite de l’entrée. Il en demanda la traduction au maire de l’époque, Joseph Demeester : « En souvenir de Guillaume de Rubrouck 1220-1270 – frère mineur (franciscain) explorateur et ambassadeur envoyé en Mongolie » Cette plaque mettait fin, d’ailleurs, à une petite dispute de « reconnaissance de l’enfant » En effet, la commune de Ruysbroeck dans le Brabant belge, revendiquait aussi la paternité de Guillaume. Arbitrée par les historiens en faveur de Rubrouck en France, l’affaire se termina sportivement par l’apposition de cette plaque par nos cousins Flamands belges.
Il écrit un livre…
Quand le maire de l’époque ajoute « Il parait qu’il a écrit un livre » Bernard Castella se remit en quête. Le 17 octobre 1979, une piste enfin. L’émission « Une mémoire bien rangée » de Pierre Dumayet parle de Guillaume de Rubrouck. L’instituteur écrit aussitôt « à la télé ». Pierre Dumayet lui répond de sa main : » Je crois que le livre de Guillaume n’a pas été réédité depuis 120 ans,.. personnellement je l’ai lu à la bibliothèque nationale.. Monsieur Mollat, l’historien que j’interviewais, prépare une édition de ce livre qu’Hachette devrait publier bientôt… » Tenance, Monsieur Castella écrit à Hachette : erreur d’aiguillage lui répond-on, Cependant, c’est la signature de Michel préfaçant l’excellente traduction de Guillaume de Rubrouck « Voyage dans l’Empire mongol, 1253-1255 » par Claude-Claire et René Kapple de Strasbourg, que le directeur retrouvera plus tard. En 1988, le responsable du « Guide Kronenbourg du Nord-Pas-de-Calais authentique » contacte aussi bernard Castella qui lui envoie une masse d’informations d’où la place importante de Guillaume et Rubrouck dans ce guide.
Dans les mains de M. Mitterrand
Notre instituteur cherchait toujours la traduction du livre en latin de Guillaume » Rubriquis » quand, en se rendant chez Lucien de Broucker (le propriétaire alors de la motte féodale) qui lui demandait une information castrale, il apprit que ce dernier était en possession « du » livre, une traduction de Louis De Backer, en 1877. Ayant reçu l’autorisation de la photocopier, il en copie 15 exemplaires, les fait relier. Pour l’anecdote, il nous explique que, lors du voyage de François Mittérand dans le Nord, entre Lille et Dunkerque, le président cita à Pierre Mauroy et Noël Josephe le village de Rubrouck comme patrie du moine exploratteur Guillaume. A la demande de Noël Josephe, M. Castella envoie un exemplaire au président de la république. En 1985, le livre de De Backer a un jumeau : c’est la traduction déjà citée des Kappler. Elle sera reprise, un peu simplifiée et abondamment illustrée par la Bibliothèque Nationale en 1993. En 1991, Michel Loosen réédite le volume de De Baker.
Voyage en Mongolie
En 1990, on apprenait au village par José de Broucker (fils) qu’un groupe de Français et Mongols avait parcouru 1200 km sur les traces de Guillaume de Rubrouck, en Mongolie. M. Kappler, en était. En 91, les membres de cette association » A la recherche de Guillaume » sont invités et viennent au village. L’idée du jumelage avec une cité mongole fait son chemin. Du 9 au 20 octobre, Michel Devulder, le maire, qui a fait avancer l’idée avec opiniâtreté et Bernard Castella, via Moscou, font connaissance de l’hospitalité mongole. Après Oulan Bator la capitale, où le projet de jumelage prend corps,, les voilà dans une commune rurale, entrée supposée de Guillaume en Mongolie : Bulgan « Ce jumelage serait un grand évènement pour nous » dit le maire du lieu. Il prouve « que le peuple français veut l’amitié avec le peuple mongol ». Dès fin 91, Rubrouck travaille à préparer l’évènement. Un contre- temps, la remise dans les dossiers. En 1993, Bray-Dunes qui prépare son festival des « Folklores du monde » pour 1994, veut faire venir un groupe mongol. Rubrouck saute sur l’occasion, le transport des artistes plus les personnalités n’en sera que moins cher. Et, voilà, comment, ce soir, à 19 h devant la « Maison de Guillaume » élus, ambassadeur de Mongolie, autorités et personnalités nordistes signeront la première charte unissant deux communes rurales de France et de Mongolie.
Article publié dans la Voix du Nord le 15 juillet 1994.